Bernard Caïazzo, que nous avons contacté pour l'occasion, nous a livré au lendemain de la victoire des Bleus ses impressions sur cette coupe du monde en Russie. Présent à la demi-finale et la finale, il regrette le peu de passion qui a entouré l'événement, tout en se félicitant de cette victoire historique qui rapporte une seconde étoile sur le maillot français...
Bernard Caïazzo : "Ça a été une coupe du monde où, à un moment donné, on se dit qu'on est obligé de la gagner parce qu'on a la sensation que les planètes s'alignent. On se dit que c'est dingue, que rien ne pourra nous arriver.
Au niveau de l'ambiance en revanche, on n'a pas ressenti un engouement local comme on l'aurait imaginé. Si je prends l'exemple de St-Petersbourgh, on a l'impression qu'autour des matches il ne se passait rien : les restaurants vides, des rues désertiques... En Allemagne, c'était complètement différent en 2014. C'était la coupe du monde des télévisions. On avait combien de Français dans le stade ? A l'Euro 2016 on avait 20 000 supporters d'une équipe qui faisaient face à 20 000 supporters adverses... Je ne pense pas que les Français aient boudé la coupe du monde, je pense juste qu'il n'y avait pas les places... Je ne comprends pas comment certaines nations ont pu obtenir autant de billets, et personne n'a pu nous l'expliquer sur place. On se pose une question : où est la notion du supporterisme ? En demi-finale il y avait des Brésiliens, des Australiens, des Japonnais... Aiment-ils le foot ? Oui. Supportent-ils une équipe ? Oui, leur équipe nationale et peut-être l'une ou l'autre équipe nationale encore en lice. Mais au-delà de ça, où est passée la notion de supporter ? où sont les supporters des nations en présence ? A Geoffroy Guichard, il y a dix fois plus d'ambiance ! On est sur une ligne exclusivement financière. Tout est affaire de business. On en oublie la passion. Ça ne vibre pas... Les Russes ont bien organisé la coupe du monde, ont bien rationalisé, mais où est la passion dans le stade...? Après, je préfère qu'on gagne la coupe du monde dans cette ambiance-là plutôt que l'inverse...
La France est présente dans cinq finales en 20 ans ! Pourquoi en club ne sommes-nous pas capables d'avoir des performances du même niveau ? Tout simplement parce que nous souffrons d'une fiscalité dont ne souffrent pas nos voisins.
Cette victoire c'est bon pour le football. De 10 millions de personnes qui suivent le football en France, on va peut-être passer à 11, 12 ou 13 millions. Il y aura des répercussions sur le football français, c'est obligatoire, notamment en termes de partenariats."