C'est la première fois qu'Oscar Garcia sort véritablement de son silence après son départ de l'ASSE. S'il ne veut égratigner personne, on sent bien derrière ses propos que le fonctionnement de l'exécutif est remis en question. Réfutant une fracture avec le vestiaire, il dit être triste d'avoit quitté le club dans ces conditions.

".Je suis habité par un sentiment étrange, à vrai dire ce n'est pas une situation agréable. Mais c'est une décision à laquelle j'ai bien réfléchi et qui était la meilleure que je pouvais prendre à ce moment-là, tant pour le club que pour moi.

Pour moi, les résultats ne font pas tout. Je suis très heureux et très fier d'avoir laissé l'équipe à la sixième place, dans le haut du tableau, parmi les formations qui jouent l'Europe. Cela prouve que nous avons fait du bon travail avec mon staff et les joueurs. Les résultats n'ont pas du tout influé sur ma décision, car nous étions loin de la zone de relégation. Cette décision a été motivée par d'autres raisons dont je ne souhaite pas parler. Plusieurs éléments se sont accumulés, jusqu'à ce que nous nous réunissions avec mon staff et le président Romeyer, avant la trêve internationale (qui a démarré le 6 novembre). Nous avons discuté et, à partir de là, nous (son staff et lui) avons clairement compris ce que nous devions faire. 

Le Derby n'a pas été le déclencheur, car même si nous avions gagné ce match, nous aurions démissionné de toute manière. Le malaise n'était pas nouveau mais, au lieu de s'améliorer, la situation a empiré. Après avoir discuté avec mes adjoints, nous avons décidé de ne pas continuer à travailler dans ces conditions. Dominique (Rocheteau, le directeur sportif) m'a demandé de patienter jusqu'à la fin de l'année avant de prendre ma décision, mais je savais que les choses ne changeraient pas. Je sais comment j'aime travailler et ce que je n'accepte pas. Il m'était impossible de poursuivre dans ces circonstances. Je ne pouvais plus donner mon maximum pour ce club.

J'ai dit au président (Roland Romeyer) et à Dominique (Rocheteau) que je voulais seulement être payé pour les jours pour lesquels j'avais travaillé, rien de plus. Je tiens à garder la conscience tranquille. Je ne me voyais pas réclamer de l'argent puisque c'est moi qui partais. Je préfère que le club utilise cet argent pour acheter des joueurs.

Il n'y a pas beaucoup de clubs qui ont deux présidents, mais ça , je le savais avant de m'engager. Chacun gère son club comme il l'entend. Ce sont les propriétaires, ce sont donc eux qui décident. Au fil du temps, j'ai compris qu'il y avait un président (Roland Romeyer) qui était plus décideur au quotidien que l'autre (Bernard Caïazzo), même si je parlais régulièrement aux deux.

Ma connaissance du marché français n'était pas aussi pointue que celle que je pouvais avoir du marché européen. J'ai donné à la direction plusieurs noms. Pour une raison ou une autre, aucun de ceux-là n'est venu.

Le fait de n'aligner aucune recrue lors du Derby ? C'était un choix sportif : plusieurs joueurs étaient blessés et, sans cela, ils auraient sans doute joué. Les autres n'étaient pas forcément des titulaires habituels. Je voulais avant tout aligner des joueurs qui savaient ce que c'était qu'un derby, un match important pour le club.

La brouille entre Dabo et Hamouma au sujet du penalty ? Je n'ai rien vu sur le coup car je parlais avec mon staff. J'ai mis fin à cette histoire tout de suite en désignant un tireur pour le match suivant. Dans les équipes que j'avais entraînées auparavant, je n'avais jamais eu à intervenir pour le faire.

La défaite contre Montpellier ? Je regrette des décisions. Contre le PSG (0-3), nous avions joué avec un système similaire (à Montpellier) et tout le monde avait salué notre performance. Les joueurs savaient clairement ce qu'ils devaient faire. À la mi-temps de ce match, Hamouma avait pourtant déclaré ne pas avoir compris les consignes… En première période, Romain se trouvait de l'autre côté du terrain et c'était donc plus compliqué d'échanger avec lui. Rémy Cabella était de notre côté et nous avons pu communiquer ensemble. À chaud, les joueurs peuvent parfois faire des déclarations maladroites mais Romain est ensuite venu en parler à mon bureau et il n'y a pas eu le moindre souci.

Les déclarations de Florentin Pogba à la mi-temps du Derby ? À la fin de mon intervention à la mi-temps, Cheick M'Bengue nous dit qu'il ne peut pas retourner sur le terrain. Du coup, on a demandé à Florentin de se préparer à entrer. S'il a l'opportunité de disputer un derby, un joueur n'a pas besoin de s'échauffer longtemps pour jouer.

J'ai reçu de nombreux messages très émouvants de la part des joueurs, qui m'ont remercié pour mon travail et souhaité bonne chance, ce qui prouve bien qu'il n'y avait pas de problème entre nous. Je n'ai mas remarqué de rupture avec le vestiaire. Au contraire, plusieurs joueurs que j'ai peu fait jouer m'ont écrit après mon départ."

Source : L'Equipe