Julien Sablé, fraîchement promu directeur du centre de formation à l'ASSE explique en exclusivité pour Peuple Vert les grands axes du projet "La Mine Verte" présenté en mars dernier aux dirigeants. Ce vaste projet innovant va courir sur 3 années et devrait permettre au club de progresser dans la formation des jeunes joueurs, mais également sa capacité à "sortir" des éléments susceptibles d'alimenter les professionnels...

Peuple-Vert.fr : Résident du centre de formation, capitaine emblématique des Verts, entraîneurs des équipes jeunes et maintenant directeur du centre : es-tu surpris par cette ascension fulgurante ?

Julien Sablé : Je ne m'y attendais pas aussi rapidement. Ce n'était pas prévu comme ça. Quand avec Bernard David on a présenté notre projet le 22 mars en conseil de surveillance, il n'y avait pas cette perspective. Nous avons travaillé ensemble avec Bernard David qui est quelqu'un que j'apprécie. Je lui ai demandé si je pouvais obtenir certaines prérogatives afin d'exposer mes idées, et il a accepté. Depuis février je suis responsable des éducateurs. Nous avons travaillé de concert avec Bernard David avec qui je me suis bien entendu.  Rapidement, nous avons été amenés à exposer notre projet. Nous avons eu un mois pour le mettre sur pieds. Les idées étaient là mais il a fallu les formaliser.

Le départ de Bernard David t'a-t-il surpris ?

Bernard n'en a pas parlé. On entend toujours des choses mais à moi, il n'en a pas parlé. L'an passé on a re-signé que pour une année. Cette expérience là l'a sans doute un peu touché. Il a eu cette opportunité d'Auxerre. Il en a parlé aux dirigeants puis m'a immédiatement mis dans la confidence. Deux jours après Roland Romeyer m'annonçait ma nomination au centre de formation.

Tu seras plutôt dans la continuité ou bien la politique de formation va-t-elle prendre un virage à 90 voire 180 degrés avec le projet de "la mine verte" ?

Pour être clair, on nous a demandé de présenter un projet innovant. Il a d'abord fallu effectuer un grand et large diagnostic. Ma première question a été de me dire : qu'est-ce qui se fait dans la concurrence par rapport à différents secteurs, et où est-ce que l'ASSE se positionne par rapport à ça ? On a posé la question à tous les éducateurs afin de savoir ce dont les autres centres disposaient au niveau du staff, de la formation, du médical, du socio-éducatif, des infra-structures... J'ai collecté toutes les informations et j'ai comparé notre situation à celle des autres. Il faut savoir qu'il y a une chose qui revenait inlassablement et qui m'irritait, c'est la comparaison avec l'OL ! Avec 6, 8 ou 10 millions pour fonctionner, nous ne sommes pas dans la même cour, et pourtant beaucoup veulent qu'on y soit ! Avec le diagnostic que j'ai effectué, j'ai pu démontrer qu'on ne pourrait pas lutter dans la même catégorie. Notre vraie concurrence c'est Nantes, Rennes, Montpellier, Nice... Des clubs qui ont le même budget que nous. Par exemple, on s'est rendu compte que dans ces clubs là, les staffs étaient composés de deux personnes alors que nous, à l'ASSE nous sommes seuls. Ce n'est qu'un exemple, mais il était important d'aller chercher chez les autres ce qui fonctionne pour que nous progressions sur nos point faibles.

L’ASSE possède des valeurs, représente une institution où le travail, la sueur, l’abnégation et le dépassement de soi sont primordiaux pour le Peuple Vert. Le nom de la Mine Verte semble indiquer que ces valeurs seront au centre de ce qui sera inculqué aux futurs générations qui passeront à l’Etrat. Peut-on dire que ce projet prend à contre-pied celui de l’OL Academy dans son approche ?

Lyon et St-Etienne sont deux villes différentes. Il est difficile de toujours les comparer. "la Mine Verte" est un nom qui m'est venu en pleine nuit... Pour moi ce nom coulait de source. Aujourd'hui il n'y a pas un parent stéphanois qui n'ait pas vécu la mine ou qui n'est pas connu quelqu'un qui l'a vécue. Pour moi, notre plus belle mine c'est Geoffroy Guichard ! Toute cette histoire de la ville m'a marqué. Il y a ici des valeurs particulières. On va mettre un projet en place, une philosophie, mais elle ne s'écartera jamais des valeurs de la mine verte. On va s'inspirer des autres, mais systématiquement adapter à notre philosophie. Le plus important, c'est de préparer les futurs joueurs au haut niveau, mais surtout à Geoffroy Guichard. L'attente du Peuple Vert, moi ça me parle. Il y a un comportement et une attitude que le joueur Vert doit adopter. On veut vraiment mettre l'accent sur ce point là.

Un nouvel entraîneur va arriver au club avec une certaine culture du jeu. Aura-t-il son mot à dire sur le projet du centre ?

Ce n'est pas dans ma personnalité d'avoir des idées arrêtées. Ce qui sera déterminant pour la réussite du projet, c'est la relation avec les professionnels. Quel que soit l'entraîneur il faudra que notre relation soit saine. je serai toujours ouvert à de nouvelles choses pour nourrir notre projet. Après, j'ai des convictions sur le projet de formation avec une idée très claire de ce que je veux. Je sais vers quoi je veux tendre. Par exemple, je ne suis pas partisan que tout le monde évolue sur la même tactique des plus jeunes jusqu'aux U19. Il faut que les jeunes joueurs se confrontent à différents schémas, cela fait partie de leur bagage de formation. Après, je ne suis pas contre que la CFA joue sur le modèle tactique de l'équipe professionnelle, c'est même logique et sain. A contrario, afin de permettre la progression individuelle des jeunes et de ne pas les noyer, je suis plutôt pour verrouiller un 442 avant les U16.

Le profil des joueurs recrutés va-t-il être impacté par ces nouvelles orientations tactiques, par la nouvelle philosophie du projet ? Va-t-on mettre l'accent sur des profils plus techniques...?

Il y a un accent de mis sur tous les bons joueurs. Ce qui fait  la force de l'équipe c'est l'alchimie. On ne peut pas se concentrer sur un seul profil de joueur. Notre constat est que nos équipes sont organisées, solides. On ne peut pas dire que nos résultats ont été mauvais ces dernières années chez les jeunes. On souhaite non seulement obtenir de bons résultats, mais aussi préparer au haut niveau. On a des profils athlétiques, et si demain on veut améliorer la qualité technique de nos équipes, il va falloir recruter des profils de joueurs plus techniques, c'est une évidence. Des joueurs comme Madhi Camara, Adrien Fleury ou Alexandre Valbon sont des joueurs fins techniquement, pas athlétiques. Ils ont une intelligence de jeu avec une capacité à répéter les efforts. Il va également falloir que l'on travaille, au-delà du profil technique, sur l'équilibre mental de nos joueurs. Concernant le recrutement, on ne va pas se bloquer avec des schémas tactiques qui vont guider nos choix de joueurs. Aujourd'hui le futur joueur de haut niveau doit être adaptable et posséder une grande connaissance du jeu. C'est notre devoir de pouvoir l'amener à ça.

Comment se déroule la détection des futurs résidents du centre de formation ?

On a deux façons de recruter. Il y a les clubs partenaires qui sont nos yeux et nos oreilles dans leur secteur. Ils nous font remonter beaucoup d'informations. On a des référents que sont les éducateurs dans ces clubs et c'est Philippe Guillemet qui coordonne cela à l'ASSE. Pour le reste, mon responsable de recrutement c'est Gérard Fernandez. On est en relation très proche et très transparente pour que l'information passe. On a également des personnes basées sur Paris et la région parisienne, à Marseille, dans le Var et deux recruteurs en Rhône-Alpes. On est en train d'essayer d'améliorer tout ça. Notre priorité reste l'axe Paris-Lyon-Marseille. Nous avons la chance d'être bien situé géographiquement. Ce sont trois ligues fortes et sur lesquelles nous sommes également fortement concurrencés, il est difficile de batailler pour attirer les joueurs. Avec Gérard Fernandez nous faisons également beaucoup de détections via des mises à l'essai de joueurs. On a aussi mis l'accent sur le recrutement local avec notre école de foot. On a un bon recrutement sur le plan national. On commence à être performant sur le plan de la région, mais on veut encore améliorer le recrutement local. C'est aussi la garantie de posséder des joueurs qui s'inscrivent dans les valeurs de l'ASSE et de ce qu'elle représente comme pour Loïc Perrin.

A suivre dès ce soir...