Arrivé dans le Forez avec Alain Perrin, Christophe Galtier a repris fin 2009 un club en pleine dérive. Pendant sept saisons et demi, l’homme va s’échiner à rendre aux verts la place qu’ils méritent, avec humilité et conviction. Il quittera les verts à la fin de la saison, tournant une page importante de l’histoire du club.

Le coach et ses joueurs : Coach Galtier se révèle très vite être un entraîneur psychologue, compréhensif et proche de ses joueurs. Sous ses ordres, de nombreux jeunes talents parviennent à s’exprimer sous le maillot vert. Emmanuel Rivière se révèle, Blaise Matuidi confirme et Dimitri Payet explose. Les deux derniers deviendront internationaux sous les ordres du nouveau coach.
Au cours des années qui suivent, de nombreux stéphanois gagnent une stature internationale, qu’il s’agisse de jeunes du centre (Guilavogui, Ghoulam, Zouma) ou de joueurs transférés (Aubameyang, Gradel, Hamouma). Christophe Galtier ne peut pas y être étranger.

Mais le coach ne se limite pas aux jeunes. C’est en venant au club en 2011 que Ruffier devient le meilleur gardien de France et si son talent n’a jamais été questionné, Loïc Perrin exprime tout son potentiel depuis son replacement dans l’axe de la défense. Sous les ordres de Galtier, les deux joueurs deviennent des références en ligue 1 et touchent du doigt l’équipe de France.
Autre réussite du technicien stéphanois, le positionnement de Tabanou un cran plus bas sur le terrain en 2013 ou les deux excellentes saisons de Brandao malgré quelques clashs avec son entraîneur.

Pour autant, la méthode Galtier ne peut pas marcher avec tout le monde, et l’homme aura connu son lot de déceptions. L’envie de départ de Payet à l’hiver 2011, l’épisode des lofteurs la saison suivante, une relation en dent de scie avec Yohan Mollo ou la soudaine mise à l’écart de Nolan Roux qui restait sur une saison convaincante. Cette saison, les incidents ont semblé plus fréquents et les sanctions parfois injustes. Dabo, Tannane et Roux peuvent en témoigner. Peut être que sous le poids de saisons intenses mais usantes, la capacité de C. Galtier à comprendre ses joueurs et à pardonner leurs erreurs s’est réduite.

Note : 8.5/10. Si la dernière saison est moins rose, il ne faut pas oublier que la proximité du coach Galtier avec ses joueurs et sa capacité à les comprendre a longtemps été son plus gros atout, permettant à de nombreux talents de s’exprimer et à l’effectif de se sublimer.

Le style Galtier : Quand il est promu entraîneur principal, Christophe Galtier n’a pas encore l’expérience du poste. Quelques mois d’intérim à Marseille et Bastia ainsi qu’une expérience mitigé à L’Aris Salonique sont tout ce qu’il connait de ce rôle. Sur le devant de la scène pour la première fois à ce niveau, le public apprends à le connaitre en même temps que lui doit gérer ses nouvelles fonctions. Il est vite catalogué « entraîneur défensif » à cause de quelques erreurs de communication et d’un manque d’ambition dans certaines rencontres qui marquent les observateurs.

Au début de sa première saison complète, il se déclare satisfait d’avoir gardé le point offert au coup d’envoi  après un déplacement à Rennes (0-0 le 21/08/2010).
En février 2012, alors que des Verts sur le podium sont bousculés par une équipe d’Auxerre relégable, il pousse les siens à ne plus prendre de risques. La deuxième période du match consistera en une passe à 10 de la défense stéphanoise, incapable d’aspirer des bourguignons regroupés devant leurs buts.
Lors du retour des verts en Ligue Europa, l’équipe traversera la phase de poule avec cinq nuls, une défaite et seulement deux buts marqués.

On sait qu’il est difficile d’enlever une étiquette lorsqu’elle est accrochée, et le coach stéphanois va garder une image d’entraîneur « peu spectaculaire mais efficace » dans le paysage footballistique français.

Pourtant la réalité est bien plus complexe. A chaque erreur, Galette tire des conclusions et essaye de s’améliorer. En octobre 2012, il indique vouloir obtenir des résultats par le jeu car « Si on veut que les gens viennent dans les stades, il faut leur donner du spectacle ». En parallèle, les verts enchaînent 13 matchs sans défaite et infligent au nouveau PSG d’Ibrahimovic et Thiago Silva sa première défaite en ligue 1. Devant, l’entente entre Aubameyang et Brandao fait des ravages. St-Etienne finira la saison avec 72 marqués, pour 39 encaissés.

Après sa première campagne européenne ratée, Galtier modifie ses plans et s’appuie sur l’association Roux-Beric pour proposer un football offensif et spectaculaire. Après 4 matchs de poule, les verts ont inscrits 8 buts et pris 7 points. Puis vient le derby et la grave blessure de l’attaquant Slovène. Et la dynamique s’effondre.

Concernant le schéma de jeu, le technicien stéphanois a toujours montré une préférence pour les systèmes à une pointe (4-3-3 ou 4-2-3-1) mais il a su changer de dispositif pour contrer certains adversaires, avec plus ou moins de réussite. Positionnés en 3-5-2, les verts perdent 5-0 à Paris, rivalisent avec l’Inter (1-1) ou écrasent leur voisin lyonnais (3-0).

La note : 7/10. Pendant l’ère Galtier, St-Etienne aura souvent été une équipe solide, habituée à gagner contre les plus faibles tout en embêtant les plus forts. Mais les verts ont aussi quelques beaux coups d’éclats à leur actif. A l’heure du bilan, il semble évident qu’ils ont été trop rares pour marquer les observateurs sur le long terme. Mais les supporters stéphanois, eux, ne les oublieront pas.

La trace dans l’histoire : Lorsqu’il arrive au club, Galtier est face à un chantier monstrueux. Depuis une belle fin de saison en 2008, les verts ont lentement plongés et s’approchent dangereusement du fond. Les performances sont souvent ridicules et le monument vacille comme jamais depuis la remontée. Mais Galtier, pas à pas, va redorer le blason vert.

Quelques mois après sa prise de fonction, il emmène les verts en ¼ de finale de Coupe de France. L’événement peut sembler anodin, mais c’est la première fois depuis la saison 1992/93.
L’année suivante, les verts sont leaders de L1 lors de la 6ème et 7ème journée. 28 ans que l’on n’avait pas vu ça.
Mais c’est dans le fameux 100ème derby que le coach commence à écrire l’histoire. Invaincus face aux verts depuis 1994, les lyonnais retrouvent le goût amer de la défaite et le peuple vert bascule dans l’ivresse.
C’est ensuite à domicile que St-Etienne reprends les rênes, avec la première victoire à Geffroy-Guichard dans un derby depuis 20 ans. Depuis cette date, Sainté a enchainé trois victoires consécutives face à Lyon dans le Chaudron.
Mais pour laisser une trace indélébile, quoi de mieux que de dépoussiérer un palmarès figé depuis 1981 ? C’est ce que va faire Galtier en emmenant les verts au stade de France pour remporter la Coupe de la Ligue en 2013.
Les dates tombent, et St-Etienne retrouve une place qu’il n’aurait jamais dû quitter, parmi les cinq meilleurs clubs de France. En 2014, les verts obtiennent leur meilleur classement depuis 26 ans en finissant au pied du podium. L’année suivante, l’équipe enchaine 6 victoires de suite, une performance inédite depuis plus de trente ans. A la tête de l’équipe, jamais Christophe Galtier n’a terminé dans la seconde moitié du classement lors d’une saison entière.

L’ère Galtier ne souffre pas de contre-performances historiques, même si l’élimination face à Cannes restera sans doute dans la gorge du technicien stéphanois. Plus personnellement, il y a fort à parier que le natif de Marseille aurait voulu briser la malédiction verte au Vélodrome (pas de victoire depuis 1979), ce qui a failli arriver en 2016.

La note : 9/10. Troisième entraîneur affichant le plus de matchs sur le banc des verts, derrière les légendes Herbin et Snella, Galette restera à jamais l’homme qui a redonné à St-Etienne ses lettres de noblesse. Arrivé pour sauver le club de la relégation, il quittera les verts en ayant affronté le Manchester de Mourinho, joué les premiers rôles pendant plusieurs années consécutives, renversé la dynamique des derbies et rajouté une ligne au palmarès des verts.
Nul ne sait où sera le club dans quelques années mais une chose est sûre, Christophe Galtier sera soit remercié, soit regretté.