La dernière et seule confrontation entre l'ASSE et Manchester United a eu lieu en 1977. Alors engagés en coupe des vainqueurs de coupe, les deux clubs s'affrontent à l'aller du côté du stade Geoffroy Guichard. A cette époque, supporters stéphanois et anglais sont mélangés, et des affrontements éclatent. Une cinquantaine de blessés et la moitié hospitalisés. Alors que l'UEFA veut donner match gagné sur tapis vert à l'ASSE, Roger Rocher s'y oppose et demande à jouer le match retour. Les Verts seront éliminés... Dominique Rocheteau se souvient.

"J’avais le sentiment d’être passé complètement à côté de ce rendez-vous. Il avait été gâché par des incidents avant la mi-temps du lever de rideau (à SaintÉtienne). C’était l’époque du hooliganisme en Angleterre. Et c’était chaud. Les ultras de Manchester, qui étaient des purs et durs, s’étaient retrouvés mélangés avec les Stéphanois dans les deux kops. Et ça avait dégénéré (une cinquantaine de blessés, dont vingt-quatre hospitalisations). Mais comme le match avait débuté à l’heure, nous, joueurs, n’avons su qu’après ce qui s’était passé, en voyant les photos et les images des supporters forcer les grillages pour trouver refuge sur la pelouse. Comme Roby (Robert Herbin, l’entraîneur) avait décidé de remettre la même attaque qu’à Lyon, cinq jours plus tôt (2-2) – Patrick Revelli à droite, André Barthélemy, qui venait d’arriver, dans l’axe, et Christian Sarramagna à gauche – j’étais remplaçant. Du coup, plutôt que d’aller m’échauffer sur le terrain annexe, juste derrière la tribune sud, j’étais resté dans le vestiaire.

. Après le match, j’avais déclaré : “ Pour l’éthique, ce n’est pas bien si on se qualifie comme ça. Il faut jouer le match retour. ” Mais l’UEFA a donné match perdu à Manchester. Le président Rocher s’était alors comporté comme un seigneur. Tandis que tous les médias britanniques réclamaient une sanction très lourde, il a demandé à l’UEFA de ne pas évincer Manchester de la Coupe d’Europe. Roger Rocher a été entendu. On a été cools et sportifs. C’est bien. Le match retour a été maintenu, mais délocalisé à Plymouth. 

On pensait avoir plus de chances de gagner à Plymouth qu’à Old Trafford. Mais s’il y avait quand même plus de trente mille spectateurs à Home Park, dont beaucoup de Français, ce retour s’est disputé sur terrain “neutre”. Ce ne fut pas un match de Coupe d’Europe. Nous avions logé dans le même hôtel que les Mancuniens et “Roby” nous avait emmenés voir un match de D 3 la veille (Plymouth -Shrewsbury Town, 2-2). Comme Plymouth jouait dans le même stade que nous, on s’était entraînés sur un terrain annexe. Drôle de mise au vert, non ? Cette forme d’insouciance collait à cette époque."

Source : L'Equipe