Avant de partir en stage de préparation avec les Chamois Niortais avec qui il vient de signer pour 3 saisons, Jonathan Brison nous a accordé une longue interview que nous vous dévoilerons en trois parties : hier, Jonathan Brison est revenu sur ses 4 années et demi à St-Etienne. Aujourd'hui, il livre une analyse très intéressante de la saison qui vient de s'écouler. Demain, ne ratez pas la troisième et dernière partie de cet entretien...

Peuple-Vert.fr : Cette équipe de St-Etienne véhicule des valeurs qui plaisent aux supporters, c’est pourquoi ces derniers pardonnent facilement aux joueurs, et notamment la piètre qualité du spectacle proposé cette saison. Qu’est ce qui n’a pas marché à ce niveau-là ? Il n’y a pas que la fatigue quand même… ?

Jonathan Brison : D’un point de vue résultats, c’est une saison réussie. On sort des poules d’Europa League et on finit européens. Après, c’est sûr que le jeu n’a pas toujours été flamboyant, mais dans le foot il faut faire des résultats. Des explications concernant le spectacle, je n’en ai pas spécialement. Il y avait quand même pas mal de nouveaux joueurs, on a perdu notre attaquant vedette très tôt dans la saison…

Cette blessure vous a fait mal après le Derby… ?

Ce Derby nous a fait mal. On prend une fessée et on sait tout de suite que la saison de Robert (Beric, ndlr) est cuite, donc oui, ça met un coup derrière la tête mais qui permet aussi de nous remobiliser tout de suite après. On a joué à l’énergie cette année, le public l’a vu. On ne faisait pas des centaines de passes et on avait pas dix mille occasions par match. On n’a jamais lâché, et dans les moments difficiles on a verrouillé pour pas prendre de buts. Il y a des saisons où ça sourit un peu plus, d’autres un peu moins, quoiqu’il en soit on n’a pas à rougir de notre saison.

Un bon classement, deux éliminations en coupe contre le PSG, en effet il n’y a pas à rougir…

…Et on n’est pas passé loin d’une qualification en Europa League non plus…

Ça aussi ça a dû faire mal…

Oui mais c’est comme ça, juste après on gagne le Derby à l’énergie. Ce groupe n’a jamais lâché, c’est une force de caractère propre au groupe. On s’est vraiment battus. Il y a eu aussi beaucoup de matches avec des joueurs qui ont beaucoup enchaîné.

Nous évoquions le Derby et ce match aller qui a laissé des traces. Comment avez-vous abordé ce match retour ?

On savait que ça allait être compliqué. Lyon jouait très bien, mais sur un match, on s’est dit qu’il fallait tout donner. Ce sont des matches où on se dit qu’il faut tout laisser sur le terrain. On essaye de se dire avant la rencontre qu’il faut remporter les duels, mais on se rend compte en début de match qu’on n’a pas trop le ballon ou qu’ils ont un temps d’avance. Mais il ne fallait surtout pas lâcher. On a su faire le dos rond. De tout façon, dans un match on a toujours une ou deux situations et on savait qu’elle arriverait. Il est vrai que ça a bien tourné pour nous, mais il fallait être là et on l’a fait.

Alexander Söderlund marque pour sa première dans le Derby. La meilleure des entrées pour un joueur stéphanois. Qu’est ce qui fait que derrière il ne confirme pas ?

Un attaquant est dépendant de son équipe. S’il prend des ballons au niveau de la gorge tout le match, il ne peut pas s’exprimer ! Comme on avait du mal à faire du jeu et à se créer beaucoup d’occasions, ça n’a pas été facile pour Alexander. Tous nos attaquants ont à un moment donné souffert durant la saison. Il y a de très bons attaquants à St-Etienne, mais s’ils n’ont rien à e mettre sous la dent, ils ne peuvent pas marquer !

Et puis Alexander a eu une saison compliquée. Il n’a pas eu beaucoup de repos et il n’a pas eu l’occasion de couper alors que son championnat venait de se terminer. Il était un peu cuit, un peu fatigué… On lui a demandé d’être décisif tout de suite alors que c’est difficile sans temps d’adaptation, quand on arrive d’un autre championnat. En tous cas il restera l’homme du Derby puisque c’est lui qui a marqué…

Alexander Söderlund et Ole Selnaes ont vécu une intégration difficile. Est-ce ton ressenti ?

On discute un peu plus facilement avec Alex qu’avec Ole qui est un petit peu plus renfermé. Moi j’arrivais à bien discuter avec les deux. Il y avait la barrière de la langue, mais comme je parle un peu anglais, j’arrivais à échanger. Pour l’instant les deux ne parlent pas encre très bien français. Dans le groupe les deux ont été bien accueillis. Ça s’est plutôt bien passé. Il n’est jamais facile de faire sa place dans un groupe de 25 ou 26 joueurs. Alex a eu un peu plus de temps de jeu, Ole a un peu moins joué mais il était en concurrence avec Jérémy (Clément, ndlr) qui est là depuis un moment.

Ole Selnaes est un vrai bon joueur de foot. Laissons-lui le temps, c’est un joueur de 21 ans. J’ai vu des joueurs qui ont mis six mois à s’intégrer dans des clubs. Je pense notamment à Julien Ferret qui a mis six mois avant de vraiment exploser à Nancy, et quand on voit la carrière qu’il a derrière. Moi aussi je suis arrivé au mercato hivernal et ce n’est pas toujours facile. Il va pouvoir préparer la prochaine saison avec le groupe durant l’intersaison. Le fait de commencer la saison devrait permettre de voir autre chose.

Ole Selnaes est un jeune joueur, tout comme Jonathan Bamba, Dylan St-Louis… Que penses-tu de cette jeune génération ? Peuvent-ils déjà apporter une vraie plus-value à St-Etienne qui joue le top 5 ou bien ont-ils encore besoin de temps d’après toi ?

Les trois joueurs cités sont trois très bons joueurs. Ça leur a fait du bien d’être prêté. Concernant Jonathan Bamba, avec qui j’avais une vraie complicité, je pense qu’il a tout pour faire une très belle carrière. Il me donnait ses statistiques quand il jouait en réserve, et je lui disais qu’il fallait qu’il marque plus et fasse plus de passes décisives. Il faut regarder l’exemple de Romain Hamouma qui est ultra décisif. Je lui ai conseillé de prendre exemple sur ça. Il doit être tueur.

Concernant Dylan (St-Louis, ndlr), il a des qualités physiques exceptionnelles. Quand on a joué le match à Paris en coupe de la Ligue, il a évolué devant moi et abattu un boulot monstre ! Il a fait ce jour-là je ne sais combien de courses pour fermer le côté gauche, c’était monstrueux.

Ce sont vraiment deux joueurs avec un très gros potentiel, mais ce qui est difficile à St-Etienne, c’est qu’il y a d’autres joueurs en place qui ont prouvé en Ligue 1. Il faut qu’ils en profitent quand ils ont leur chance et qu’ils croquent dedans à pleines dents ! Ce sont des joueurs sur qui le club peut compter pour l’avenir.

On a la sensation qu’à l’ASSE il manque ce que réussit Lyon, à savoir faire pousser ses jeunes au plus haut niveau. On a le sentiment que l’ASSE les injecte à doses homéopathiques…

Oui, après c’est réducteur. Quand je suis arrivé il y avait Kurt (Zouma, ndlr), moi j’étais en concurrence avec Faouzi Ghoulam, je suis très proche de Joshua (Guilavogui, ndlr)… Quand on voit où sont ces trois joueurs on se dit que la formation stéphanoise fonctionne bien. Si on prend Lyon, si des Fékir et autres jouent c’est tout simplement qu’ils ont pris la place de ceux qui étaient là et qu’ils étaient certainement plus forts. Après c’est à nos jeunes de prendre la place des plus anciens. Le coach n’a pas d’états d’âme et fait jouer les meilleurs joueurs de tout façon. Le football de haut niveau c’est être compétitif et être régulier. Ce qui s’applique aux anciens s’applique aux jeunes.

Comment fonctionne Christophe Galtier concernant ses choix ? Il échange ou bien vous découvrez ses choix et il n’explique pas forcément ?

Avec les mises en place tactiques on sent le coup venir, mais le coach n’a pas a justifié ses choix à chaque fois. Après si on a des questions on peut toujours aller le voir, mais je pense qu’un coach n’a pas à justifier ses choix à chaque match en tout cas…

A suivre... Troisième partie de l'interview dès demain : Jonathan Brison évoquera son nouveau club, Niort, et ses ambitions.