À l’occasion des 90 ans de l’AS Saint-Etienne, le site Peuple-vert vous propose le portrait des 50 meilleurs joueurs de l’ASSE parmi les 775 qui depuis 1933, ont un jour porté le maillot Vert. De la place 50 à 21, les joueurs classés seront présentés par ordre alphabétique.
Christian SYNAEGHEL (208 matches, 32 buts de 1970 à 1978), Le Ch’ti aux valeurs stéphanoises.

L’ASSE trouve le successeur d’Aimé Jacquet

Christian Synaeghel est né le 28 janvier 1951à Leffrinckoucke dans le Nord de la France. Il pose ses valises à Saint-Etienne au lendemain des manifestations de mai 1968 juste après que les Verts aient réalisé le premier doublé coupe-championnat de leur histoire. La concurrence ne lui fait pas peur. Il compte bien saisir sa chance avec l’objectif d’intégrer à terme l’équipe première. Et ce, malgré la présence d’Aimé Jacquet ou de Robert Herbin dans les rangs stéphanois qui semblaient alors des titulaires indéboulonnables.
Ses qualités collent parfaitement aux valeurs locales. Il est un infatigable milieu de terrain qui ne renonce jamais face à l’adversité. Il fait partie de la génération dorée de 1970 (avec Christian Lopez, Jacques Santini, Alain Merchadier, Patrick Revelli et Christian Sarramagna) qui remporte la coupe Gambardella contre Lyon au penalties. Une année exceptionnelle qui voit l’ASSE remporter le triple coupe-championnat et Gambardella, exploit jamais réalisé jusque-là et plus réédité depuis.

Il met à peine deux ans avant de jouer son premier match avec les pros, lancés par Albert Batteux, le 12 août 1970 face à Nantes. Il a pu apprécier les talents d’un certain Salif Keita, auteur d’un double ce jour-là même si ce sont les Canaris qui viennent s’imposer à Geoffroy-Guichard (2-3). Il est même le premier vainqueur de la coupe Gambardella à jouer un match de coupe d’Europe environ un mois plus tard à Cagliari en remplaçant José Broissart à la 75ᵉ minute même si cette rencontre ne restera pas un grand souvenir avec une défaite cuisante (0-3).
Il est régulièrement aligné dans l’entre-jeu de l’ASSE marquant même son premier double le 5 mars 1972 à Geoffroy-Guichard contre Monaco (3-2). Robert Herbin a remplacé Albert Batteux à la tête de l’équipe au début de la saison 1972-73. Le Sphinx le considère désormais comme son option numéro un à la récupération au détriment d’Aimé Jacquet qui a compris qu’il devait s’effacer et qui ira terminer sa carrière à Lyon.

Titulaire indiscutable à partir de 1973

Il débute la saison 1973-74 sur le banc à Marseille, son compère, Jacques Santini (qui a réalisé une préparation estivale exemplaire) lui étant préféré. Malheureusement, un Marseillais blesse très gravement Santini à la 83ᵉ minute (il mettra quasiment dix-huit mois à s’en remettre) et Synaeghel le remplace. Comme le dit le proverbe, le malheur des uns a fait le bonheur des autres. Il participe pleinement au premier titre de champion de France de l’ère Herbin en étant le deuxième joueur de champ le plus utilisé avec 43 matches derrière son capitaine Georges Bereta (45 matches).
Le 8 juin 1974, il est le premier buteur de la finale de la coupe de France à la 44ᵉ minute contre Monaco (décidément une équipe qui l’inspire) qui permet aux Verts de réaliser un nouveau doublé (2-1).
La saison 1974-75 de l’ASSE débute très difficilement. Les Verts comptent déjà quatre défaites en six journées de championnat (toutes à l’extérieur) et comme tous ses partenaires, Christian Synaeghel a du mal à confirmer ses belles prestations de l’exercice précédent. La coupe d’Europe se présente à Geoffroy-Guichard et le moins que l’on puisse dire c’est que les hommes de Robert Herbin sont cruellement en manque de repères. Toutefois, ils peuvent compter sur une autre des qualités du milieu de terrain qui débloquera bien des compteurs : sa propension à provoquer des penalties. Elle sera bien utile notamment pour inscrire le deuxième but contre le Sporting du Portugal au premier tour de la coupe d’Europe (2-0).

L’ASSE se qualifie après le match nul (1-1) et poursuit son chemin dans cette compétition.
Il fait partie des joueurs qui ont réussi l’exploit de se qualifier contre Hajduk Split en huitième de finale de la coupe d’Europe des clubs champions malgré la sévère défaite (1-4) au match aller. Il obtient d’ailleurs le penalty qui permet à Georges Bereta d’inscrire le troisième but et donc d’entrer dans la légende (5-1 après prolongations). Et comme un bonheur ne vient jamais seul, il étrenne sa première sélection avec l’équipe de France quelques jours plus tard, le 16 novembre 1974 contre la RDA au Parc des Princes (2-2). Indispensable chez les Verts, il sera moins convaincant avec le maillot bleu qu’il n’enfilera que cinq fois, sa dernière sélection remontant à 1977. L’ASSE ira jusqu’en demi-finale de la coupe d’Europe et se présente donc comme un candidat sérieux à la victoire finale la saison suivante. Elle en profite pour réaliser un nouveau doublé coupe-championnat en 1975, le deuxième de suite, preuve de la domination totale de Saint-Etienne sur le plan national.

Une blessure indélébile pour Synaeghel

Christian Synaeghel aligne les performances étincelantes lors de la saison 1975-76 qu’il survole littéralement. À part un match contre Copenhague (le retour à Geoffroy-Guichard) où il n’est pas sur la feuille de match), il joue l’intégralité des rencontres de coupe d’Europe. Il voit l’ASSE éliminer tour à tour le FC Copenhague, les Glasgow Rangers, le Dynamo Kiev et le PSV Eindhoven, ce qui lui ouvre les portes de la finale. Synaeghel bonifie tous les ballons qu’il touche. Avec lui, l’équipe est plus équilibrée et ses compères Dominique Bathenay ou Jean-Michel Larqué peuvent partir à l’abordage en toute sérénité. Ce qui ne l’empêche pas de se projeter lui aussi vers l’avant. Comme en témoignent les trente-deux buts qu’il a marqué sous le maillot vert. Robert Herbin compte sur lui pour la finale contre le Bayern Munich, car il peut aligner ce qu’il pense être, le meilleur milieu de terrain d’Europe.

Malheureusement, les Nîmois en ont décidé autrement. En match en retard du championnat, les Crocodiles se présentent dans le Forez avec la ferme intention de marcher sur les Stéphanois, espérant que ces derniers se préserveront pour leur grand rendez-vous européen, une semaine plus tard. Les deux équipes se rendent coups pour coups. Si l’ASSE remporte une victoire qui ne souffre d’aucune discussion (5-2), elle aura un goût amer. Tour à tour, Gérard Farison et Christian Synaeghel sortent blessés, victimes de tacles dangereux de la part des Nîmois. Ils ne pourront être rétablis à temps et c’est des tribunes qu’ils assistent à la défaite de l’ASSE contre le Bayern Munich (0-1) dans un match qui laissera des regrets éternels.

Certes, Jacques Santini, qui a remplacé Synaeghel, a parfaitement tenu son rôle lors de cette finale (il est l’auteur d’une tête sur la barre). Mais on ne peut s’empêcher de penser que Saint-Etienne a joué ce match diminué, surtout si on compte en plus la blessure de Dominique Rocheteau qui n’a pu jouer que les cinq dernières minutes.

De l’ASSE à Metz pour Synaeghel

C’est une opportunité qui ne se représentera jamais plus pour Christian Synaeghel qui verra s’envoler ses dernières illusions à Liverpool l’année suivante après une autre cruelle défaite (1-3). Il sera victime de la nouvelle politique de Roger Rocher qui, obsédé par cette coupe aux grandes oreilles, a décidé de céder aux sirènes du vedettariat pour le meilleur. Ne faisant plus partie des plans du président, il prend la direction de Metz en 1978. Un autre club qui représente bien les valeurs de son Nord natal qu’il n’a jamais renié et qui se sont si bien mariés avec celle du peuple stéphanois.

 

Par Albert Pilia