Nous avons changé d'avis. Est-ce par versatilité ? Est-ce par intérêt parce que les autres années nous n'étions pas impactés ? Est-ce parce que l'ASSE reçoit Bordeaux pour une rencontre à enjeu ? Peut-être. Mais au moins cela a eu l'effet de nous faire réfléchir sur le sens même de vouloir vider un stade pour honorer des femmes et des hommes morts alors qu'ils fêtaient leur club un soir de match. Pour nous, les 5 mai de chaque année doivent être l'occasion pour les stades de vivre deux fois plus et pour les supporters d'y chanter deux fois plus fort. Voilà pourquoi nous ne sommes pas d'accord, même si nous le comprenons, avec le boycott annoncé des Magic Fans et des Green Angels ce vendredi.

Bon nombre d’entre-vous sont sûrement devant leur télévision le 5 mai 1992, abasourdis, effondrés ou sans réaction, alors que Bastia doit recevoir le grand OM de Bernard Tapie en demi-finale de la coupe de France. L’OM, éliminé en Coupe des clubs champions de façon prématurée cette année-là est à l’orée d’une saison 1992-93 qui va porter le club au sommet de l’Europe… C’est l’OM d’Olmeta, Amoros, Deschamps, Waddle ou encore Papin… De l’autre côté, Soumah, Faye ou Valencony sont en Ligue 2 mais proche d’une remontée en Ligue 1 (93-94) ! Tous les ingrédients sont réunis pour attirer la grande foule, tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce match une superbe occasion de remplir le stade... et les caisses de la billetterie par la même occasion…! Alors on décide de construire une tribune… Vite, très vite… Trop vite ! Tout le monde connaît la suite. Quelques dizaines de minutes avant le coup d'envoi, une tribune s'effondre et fait 2375 victimes, dont 18 meurent sur le coup ou des suites de leurs blessures.

David Wantier, Eric Blondel, Dominique Rocheteau et Christophe Galtier devant la stèle érigée en hommage aux victimes de Furiani

Chaque années, l'ASSE rend hommage aux victimes en allant déposer une gerbe devant la stèle construite à côté du stade Furiani.

Depuis, les supporters Corses rejoints pas les Ultras de nombreux clubs de l'Hexagone, demandent que ne se jouent plus aucun match un 5 mai.

Vendredi nous serons ce fameux 5 mai et l'ASSE va accueillir les Girondins de Bordeaux. Un match importantissime dans la course à l'Europe face à un concurrent direct. Les Green Angels et les Magic Fans ne seront pas de la partie afin de respecter leur position concernant leur lutte pour qu'aucune rencontre ne se joue un 5 mai (voir les deux communiqués ci-dessous).

Mais qui croyez-vous que cela va gêner ? La LFP ? Certainement pas ! La rencontre qu'ils ont programmée va se jouer, accoucher d'un résultat, et on passera à autre chose. Croyez-vous que cela va convaincre qui que ce soit de faire changer les choses ? Non. Vous vous retirez au nom du respect. Parfait. Et pourquoi le respect des morts passerait-il par la mort des stades ? Une vision très judéo-chrétienne des choses... mais nous sommes en France, alors quoi de plus normal finalement.

En revanche, pourquoi priver les joueurs de l'ASSE de votre formidable soutien ? Vous entrez dans le stade quand vous n'y êtes pas autorisé et ne le faites pas quand votre club en a le plus besoin ! Incompréhensible...

Alors bien évidemment que l'on comprend que vous campiez sur vos positions, que vous soyez fidèles à vos idées, vos valeurs, que vous protestiez et ne lâchiez rien malgré une rencontre à fort enjeu et la venue de nos amis Girondins. Mais n'y a-t-il pas d'autres façons de protester ? D'autres actions qui pourraient marquer le coup sans handicaper notre club de coeur ? Car c'est de cela dont il s'agit. Vous vous tirez une balle dans le pied et dans celui de l'ASSE en faisant cela ! Les Bordelais vont évoluer dans un stade sans saveur et les Verts ne pas bénéficier de leur 12ème homme... Qui a décrété que pour honorer les victimes il fallait faire mourir l'ensemble des stades de France les 5 mai ? Et pourquoi ne pas rendre les stades encore plus vivants et festifs. Les personnes qui ont perdu la vie aimaient le football, aimaient la fête qui l'accompagnait, et nous sommes certains qu'ils ne comprendraient pas que l'on vide des stades pour les honorer. A notre sens, et à l'inverse de ce que nous pensions il y a quelques temps, nous croyons aujourd'hui qu'il faut que tous les stades vivent au moment de rendre hommage aux victimes de Furiani. C'est en étant présents que les supporters seront certains de rendre un hommage vibrant aux défunts. Il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis, et nous avons changé le notre... Et pourquoi chacun ne reverrait-il pas sa position sur ce sujet ?

Vendredi, les Magic n’assureront pas le spectacle en tribune !