Remercié en décembre 2023, Laurent Batlles s’est longuement exprimé auprès du site MaLigue2. Retranscription des temps forts.

Une éviction difficile

Laurent Batlles : « Tout va bien, c’est vrai que quand on est entraîneur, qu’on vit une éviction, ce n’est jamais évident, notamment comme je l’ai vécu. C’était un club qui me tenait vraiment à cœur, puisque j’ai tout fait dans ce club, j’avais envie d’aller au bout avec mon staff. J’étais persuadé qu’on allait arriver sur l’objectif qu’on s’était fixé sur les deux ans. Des fois, il y a des planètes qui ne sont pas alignées. Il y a des choses qui se passent sur quelques matchs. Malheureusement, il y a eu cette éviction qui a été pendant quelques temps difficile à vivre. Il ne faut pas croire que quand on est comme ça, viré d’un club, ce n’est jamais facile parce qu’on s’investit énormément.

Il faut prendre le temps de se ressourcer, il faut prendre le temps un petit peu de penser à soi. Dans un club de foot, notamment quand on est entraîneur, on pense beaucoup aux autres et peu à soi. On regarde beaucoup de matchs, on essaye de se tenir au courant de tout ce qui se passe pour pouvoir rester connecté au football. »

Laurent Batlles ne veut pas couper

Laurent Batlles : « Quand on est passionné, on ne peut pas vraiment se couper, c’est-à-dire qu’à certains moments, c’est important de regarder ce que font les autres, d’être connecté.
En plus, vous avez pas mal d’amis qui sont entraîneurs aussi dans les Ligue 1, voire Ligue 2, voire à l’étranger.
C’est important de vous remettre de temps en temps en question et de vous dire qu’il y a peut-être d’autres idées qui sont intéressantes.
Ne pas rester cantonné plus ou moins à ce que l’on sait ou ce qu’on veut faire. Mais même si on a un projet de jeu et que des fois, c’est immuable. Pour autant, même dans ce projet de jeu, il faut savoir le faire évoluer. »

Un recrutement réussi ?

Laurent Batlles : « Faire venir Chambost, Giraudon ou Tardieu de troyes ? Déjà ça a été les opportunités de marché. Quand je suis arrivé à Saint-Etienne, notamment la première année, il y a eu 17 départs, il fallait plus ou moins attendre de vendre pas mal de joueurs pour pouvoir recruter. Ça a été très particulier à l’intersaison et notamment la première année.
Quand je suis arrivé à Saint-Étienne, j’avais dit, avec des opportunités, bien sûr, de marcher. Dylan était libre, Jimmy était libre et Briançon était libre. Pour pouvoir monter, on s’était dit, il faut prendre les joueurs qui ont connu déjà des montées.

J’ai parlé avec Loïc (Perrin), avec Jeff Soucasse et Samuel Rustem. J’ai dit, on a un projet sur deux ans. Il faut reconstruire une équipe. Mais à un certain moment, ce qui est important, c’est de prendre des joueurs qui ont déjà connu la montée. Monter, ce n’est pas facile.
Il faut tenir sur toute la saison. D’autant plus à Saint-Étienne. C’est pour ça que quand j’ai eu ces opportunités, on a été chercher Thomas Monconduit, il était monté avec Amiens.
Appiah a connu la montée aussi. Cafaro était monté avec Reims. Larsonneur était monté avec Brest. On a essayé de monter un effectif en gardant certains, en essayant d’avoir aussi un peu de la formation. »

Laurent Batlles se doutait de la difficulté

Laurent Batlles : «  Mon retour à l’ASSE ? Naturellement. Je voulais entraîner ce club. Je savais que ça allait être compliqué. Je savais que ça allait être dur. Mais notamment par rapport au fonctionnement avec tous les départs. Beaucoup de choses sont entrées en compte.
Je savais que ça allait être compliqué.
Ça a été plus que ce que je pensais. Malgré tout, je suis arrivé avec moins de 3 points, 4 matchs à huis clos. Et des mecs qui sont partis au 31 août. Vous avez commencé le championnat le 31 août, alors qu’il y en a qui ont déjà je ne sais pas combien de points, vous êtes à zéro. Ce n’est pas évident à mettre en place, à la trêve, vous avez sept points. Vous êtes plus ou moins le dernier. Mais c’était normal pour moi. Ça me paraissait logique d’entraîner ce club-là. Et même dans la difficulté, même ce qui s’est passé aujourd’hui, je ne regrette en rien du fait d’avoir entraîné ce club. »

L’ASSE n’avait pas pris la mesure de la Ligue 2

Laurent Batlles : « Ça a été très compliqué parce qu’à l’époque personne n’avait pris encore la mesure du championnat et de ce que représentait la Ligue 2. Jouer contre Saint-Étienne et battre Saint-Étienne, c’est un peu comme Bordeaux aujourd’hui, ça représente énormément de choses. Il faut s’accrocher, il faut travailler. Il faut être costaud. »

Geoffroy-Guichard c’est fantastique mais…

Laurent Batlles :  » Je sais que ce stade est fantastique. Il peut l’être fantastique comme il peut être dur aussi. Moi, j’ai aussi joué à Marseille et j’ai joué à Geoffrey-Guichard. Quand ça va, c’est fantastique. Quand ça va moins, c’est toujours pareil, c’est un peu plus compliqué.
Pour autant, ils ont toujours été là, ils ont toujours poussé, ils ont toujours essayé d’aider les joueurs. 

Vous jouez contre des blocs bas, il y a des contres. Ce n’est jamais évident, mais c’est un lieu pour jouer au foot qui est fort, en émotion. Dans la construction de ce qu’on voulait mettre en place, on avait dit qu’on avait un objectif et je pense qu’on ne s’était pas si trompé que ça. »

Laurent Batlles veut entraîner

Laurent Batlles :  » Oui, je suis dans l’attente. On va essayer de trouver un club. Il est vrai qu’aujourd’hui, revivre ce que j’ai vécu dans ces deux clubs, ça serait vraiment intéressant. Mettre un projet en place, un projet de jeu, avec des joueurs, faire progresser des joueurs aussi.
Aujourd’hui, c’est ce que j’ai dans le cœur, c’est ce que je ferai au long de ma carrière. Ce n’est pas évident, malgré tout, d’en trouver, parce que tout le monde cherche. Il faut peut-être être patient. Je crois que ma vie, elle est faite de ça, d’entraîner.
C’est vrai qu’aujourd’hui, avec un peu de recul et avec un petit peu de repos, ça titille maintenant de revenir et de retrouver un groupe, de retrouver des joueurs, de retrouver aussi son staff. »