L'ASSE a bouclé un mercato qui a déjà apporté des satisfactions sportives. Alors qu'il est trop tôt pour savoir si les hommes qui ont signé au club sont des bonnes pioches, cela ne remet pas en cause le fonctionnement de la cellule de recrutement ni des dirigeants sportifs et administratifs dont les rouages se sont parfaitement imbriqués durant ces 3 mois de mercato.
A St-Etienne, ils sont quatre à se partager les tâches s'agissant du recrutement des joueurs : Laurent Batlles, coach de l'ASSE. Loïc Perrin, coordinateur sportif et directeur du recrutement depuis le départ de Jean-Luc Buisine. Au-dessus de lui, sans qu'il n'ait forcément de compétences dans le domaine sportif, Samuel Rustem endosse le costume de Directeur Général adjoint en charge des activités sportives. Enfin, Jean-François Soucasse, le Directeur Général des services qui dirige l'ensemble du trio.
Samuel Rustem explique aujourd'hui dans le Progrès, trois mois après le début des grandes manoeuvres, comment ce quatuor s'est réparti les missions autour du recrutement des joueurs.
Samuel Rustem : "On est parti d’une page blanche."
Si Laurent Batlles apparaît comme l'homme du terrain, il n'a jamais subi la moindre signature de joueur. Au contraire, il a souvent été force de proposition, notamment via son père Gérard Batlles qui a conseillé de nombreux profils qui ont fini par signer à l'ASSE. C'est notamment le cas de Benjamin Bouchouari qui pourrait devenir l'une des révélations de la Ligue 2. Samual Rustem confirme : "La première phase, c’est Loïc Perrin qui fixe avec le coach le choix des profils. 100 % des recrues ont été validées par les deux responsables du sportif. La difficulté, c'est qu’on avait 90 jours. C’était un contre-la-montre. On n’avait pas le temps de lever la tête."
La cellule de recrutement, composée d'Araujo Ilan et Anthony Gillot comme scouts et chapeautée par Loïc Perrin, a la particularité d'être particulièrement inexpérimentée. Samual Rustem précise même qu'au début, il a fallu faire table-rase du passé, s'asseoir et repartir d'une page blanche (!) : "On est parti d’une page blanche. Il fallait déjà qu’on sache quel coach on voulait. On recherchait un Français qui connaisse le club, avec l’amour du maillot et qui avait déjà fait monter une équipe. Laurent (Batlles) a été convaincu par l’aventure humaine. Après, il y a eu la définition du projet commun du club. Puis Loïc (Perrin) avec le coach a défini le projet sportif."
Toutefois, ne nous y trompons pas, si l'expérience n'était pas du côté de la cellule de recrutement, la compétence est bien là. Loïc Perrin n'a eu de cesse de travailler sans compter ses heures. Apparu très fatigué en cette fin de mercato, il fut l'une des pierres angulaires de cette période qui semble avoir permis aux Verts d'attirer des joueurs de qualité.
De l'inexpérience mais des idées...
De son côté, Samuel Rustem a gravi les échelons d'une échelle qui n'était pas forcément programmée pour lui... Arrivé comme Stadium Manager en charge des relations avec les supporters et de la sécurité dans et autour du stade, le voilà dans un rôle davantage axé sur le sportif. Là où de nombreux clubs font confiance à d'anciens footballeurs, l'ASSE fait le pari d'installer un homme qui connaît bien le club. Son rôle durant ce mercato ? Il le décrit lui-même : "L'humain ? C’est mon domaine. Je vérifie différentes choses, on se renseigne. Le curseur est poussé au maximum. Est-ce que le joueur a rencontré des problèmes de moralité ? A-t-il fait l’objet d’un scandale ? On regarde si le joueur est structuré familialement, s’il peut vriller, ce qui représente bien sûr un risque. On passe des coups de téléphone. On échange aussi en direct avec le joueur. C’est très important. Si je me suis rendu à Budapest avec Loïc (Perrin) lors du match de Qarabag contre Ferencvaros, ce n’est pas pour savoir si Wadji était droitier ou gaucher. Je voulais le rencontrer pour voir s’il tenait la route… Je n’ai pas la prétention de pouvoir juger quelqu’un. Je suis juste là par rapport à l’humain. Au fil du temps, on a pu acquérir pas mal de notions de management. Même si on n’est jamais à l’abri de rien, on est capable de déterminer si la personne rentre ou pas dans les critères que l’on a définis au niveau du projet de l’ASSE."
Soucasse : celui qui tranche sur tous les dossiers !
Puis arrive Jean-François Soucasse pour la partie financière des opérations. une fois le joueur validé par Batlles-Perrin-Rustem, le Directeur Général des services entre en scène et conduit les négociations et la rédaction du contrat. C'est lui qui a le dernier mot. Une façon d'admettre, mais qui en doutait, que les finances sont le nerf de la guerre, et ce même si le joueur répond à tous les critères.
S'agissant du profil des recrues, Samuel Rustem admet que des joueurs parlant le français ont été privilégiés sans que ce ne soit un critère restrictif. Ceux qui hésitaient n'ont également pas passé le filtre de la pré-sélection : "On a assez souffert de la venue de joueurs qui n’étaient pas sûrs d’être au bon endroit. On a vu ce que ça a donné. Là, il fallait vraiment qu’on sente que ce n’était pas des mercenaires, qu’ils étaient là pour le projet sportif, que ce n’était pas juste un projet financier."
Au final, la cellule de scouting aura confirmé certains profils comme Wadji (ex-Qarabag) ou "Aziz" Yakubu ( de Rio Ave et qui ne signera finalement pas). Beaucoup de ceux qui ont apposé leur signature sur un contrat les liant à l'ASSE ont été choisi et identifiés par Laurent Batlles et son père.
Autre homme de l'ombre venu épauler l'ASSE dans le cadre des départs, David Wantier. L'ancien chef de la cellule stéphanoise a permis les départs de plusieurs joueurs en fin de mercato. Car si l'on juge de la réussite d'un mercato par les arrivées, il est important de ne pas occulter l'importance des départs qui conditionne autant le sportif que le financier...
Au final, l'ASSE a certainement bouclé l'un de ses meilleurs mercato depuis plusieurs saisons. Reste à confirmer cette impression sur les pelouses de Ligue 2...
