29 mars 2024
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Dossier : L'ASSE doit-elle prendre un virage à 180° avec sa formation ?

La formation française se porte toujours aussi bien. Preuve en est le vivier exceptionnel que possède Didier Deschamps pour former l’équipe de France. Cependant les choses évoluent au niveau des équipes réserves des clubs professionnels. Essayons d’analyser la situation.

Aujourd’hui la formation française est à un tournant qu’elle va devoir bien négocier. Si l’équipe de France va toujours pouvoir bénéficier de ce réservoir exceptionnel, comment en faire profiter nos clubs professionnels ?

En effet, l’arrivée de nombreux groupes (Red Bull, le City group, 777 partners, Ineos…) propose une plus forte concurrence dans le recrutement des jeunes pour les centres de formations. En parallèle, de nombreuses réserves se retrouvent à jouer le maintien en national 3. Des clubs importants comme l’OGC Nice, L’OM ou le PSG réfléchissent à prendre exemple sur l’AS Monaco et à quitter le giron fédéral pour prendre une autre voie. Une idée pour l’AS Saint Etienne ?

Rester dans les compétitions Fédérales

La participation des équipes réserves des clubs professionnels dans les championnats nationaux est possible jusqu’au niveau N2. C’est le cas depuis de nombreuses années et cela n’a jamais empêché les nombreux clubs formateurs français à performer et à bénéficier de jeunes joueurs performants pour leur équipe professionnelle. En effet, les championnats Nationaux permettent aux jeunes joueurs de se confronter aux meilleurs clubs amateurs français. De plus en plus de joueurs ayant évolué au niveau professionnel terminent leur carrière dans ses clubs amateurs.

Ces rencontres-là, donnent la chance aux jeunes de se confronter pour la première fois à un football d’adulte, et tout ce que cela comporte avec: être confronté aux vices de l’adversaire, a l’expérience… Tous ces ingrédients font partie du bagage d’un footballeur professionnel et nos jeunes joueurs vont y être confrontés plus tard au haut niveau.

Autre aspect important dans les championnats nationaux, l’aspect compétition. Lors de chaque début de saison, les groupes de réserves professionnelles vont se fixer des objectifs collectifs. Cet esprit de compétition est à développer pour les jeunes joueurs. Ils le retrouveront au niveau professionnel. Arriver à se sublimer sur le terrain pour aller chercher les objectifs est un élément important et déterminant pour le haut niveau.

On peut aussi noter un autre avantage de ce format : l’obligation de se créer un mental. De nombreux matchs se disputent dans des petits stades et sur des pelouses compliquées. Le risque d’un jeune en formation, c’est de se croire dans un trop grand confort. Les infrastructures de l’Etrat sont de très bonnes qualités. S’habituer à ce prestige peut vite faire oublier à un jeune qu’il doit se faire violence dans l’effort et dans son travail au quotidien. Tout ne doit pas être acquis tout de suite et certains matchs champêtres de N3 peuvent les rappeler à l’ordre.

Prendre une autre direction ?

À l’image de ce qu’a décidé l’AS Monaco, de nombreux clubs réfléchissent à supprimer leur équipe réserve des championnats nationaux. À première vue, cela peut paraître surprenant et incompréhensible. Mais en étudiant le sujet de nombreux avantages en ressortent.

Plusieurs compétitions peuvent ou pourraient remplacer les championnats N2, N3. Il serait certainement possible de créer un championnat des réserves des équipes professionnelles comme en Angleterre. Pour continuer sur l’exemple de l’AS Monaco, le club a constitué un groupe élite composé des meilleurs jeunes du club. Ce groupe s’est inscrit à la Premier league International Cup. La Premiere League International Cup est ouverte aux joueurs de 23 ans ou moins et regroupe des équipes de toute l’Europe. On y retrouve beaucoup de clubs anglais à l’origine de sa création, mais aussi l’Ajax, le Slavia de Pragues, l’Inter Milan, le Milan AC…

Ce type de compétition ou une réorganisation avec un championnat des réserves (comme en Italie ou en Angleterre) sont-elles l’avenir des équipes réserves ? La réponse est difficile à apporter mais il est évident que ses compétitions présentent de nombreux avantages.

En parallèle de cette compétition, l’ASM dispute également des rencontres amicales contre d’autres réserves professionnelles (match nul 2-2 contre l’ASSE dernièrement). Aussi, ils réalisent des matchs contre les meilleures équipes amateurs de France.

Dans quels buts ?

Une flexibilité plus importante

Premièrement, la flexibilité du calendrier présente un avantage mais les déplacements seront coûteux pour les clubs. En effet, ces compétitions qui ne sont pas dépendantes de la FFF peuvent se jouer le lundi, le mardi… Pour un joueur en post-formation, la chose la plus importante est le temps de jeu. Plus un jeune joue, plus il va progresser. Dans le format actuel, un joueur qui fait partie du groupe professionnel le samedi et qui ne va pas rentrer ou jouer cinq minutes ne va pas pouvoir jouer avec la réserve qui joue souvent le même jour.

En tant que Stéphanois prenons un exemple criant, celui de Maxence Rivera. Présent régulièrement dans le groupe de Puel, il ne faisait que de très rares apparitions sur la pelouse. Durant les deux dernières saisons, il passait plus de temps sur les bancs de touche que les pelouses. Ses apparitions en N3 n’étaient pas bonnes, car il manquait clairement de rythme et de repères. Cette saison, le joueur est prêté au Puy Foot en N1. Rivera enchaîne les prestations et les matchs de qualité. En sept mois de prêt, il aura probablement davantage progressé qu’en deux ans dans le groupe professionnel stéphanois (avec un temps de jeu réduit).

Maxence RIVERA of Saint Etienne during the friendly match between Saint-Etienne and Le Puy Foot on July 12, 2022 in Le Puy-en-Velay, France. (Photo by Romain Biard/Icon Sport)

Varier les adversaires pour être plus formateurs ?

Deuxièmement, la diversité des adversaires. Souvent en N2 ou N3, les adversaires des équipes professionnelles offrent un plan de jeu peu plaisant pour les amateurs de football : bloc bas, refusant le jeu. Le temps de jeu effectif de certains matchs de N3 peuvent être très faibles.

Comment apprendre à un défenseur à ressortir un ballon sous la pression quand l’attaquant adverse se replie directement à ligne médiane ? Aussi, comment apprendre à un attaquant à effectuer un contre pressing quand le défenseur adverse a pour consigne de balancer de longs ballons pour ne prendre aucun risque ? Comment préparer un jeune joueur athlétiquement à effectuer des retours défensifs quand 80% du match se dispute dans les 50 mètres adverses ?

Dans ll’After FOOT, Damien Périnelle (coach du groupe élite de l’AS Monaco) déclarait sur la Premier League International Cup « Jouer contre le Slavia de Prague, l’Ajax ou des équipes anglaises c’est à chaque fois jouer contre des cultures et des styles et des schémas tactiques différents, ça oblige nos joueurs à réfléchir pour préparer les matchs et pour résoudre les problèmes que nous posent ses équipes, on leur donne des clefs la semaine, à eux de réfléchir pendant le match pour bien les utiliser ». Nos jeunes joueurs sont-ils préparés à affronter des équipes professionnelles de plus en plus joueuses ?

Le jeu avant l'enjeu

Enfin, l’absence de compétition et de pressions de résultats pour le coach, va lui permettre d’être plus libre dans son travail. Damien Périnelle l'avoue :

« J’ai la liberté de faire jouer un joueur à n’importe quel poste si j’en sens le besoin pour le développement du joueur. Par exemple j’avais un latéral gauche qui ne faisait qu’attaquer. J’ai pu le positionner défenseur central pendant deux matchs pour qu’il apprenne à défendre. Est-ce que j’aurais pu le faire si je devais jouer le maintien en N2 ou la montée? Je ne pense pas. Il a effectué des erreurs pendant ses matchs la qui ont été préjudiciables à l’équipe, mais lui a appris et a énormément progressé en deux matchs. »

L’absence de pression du résultat permet de travailler sur le développement du joueur. Permettre à un joueur de se tromper dans un match où le mettre en difficulté dans un poste qu’il n’a pas l’habitude de jouer pour lui faire travailler ses défauts. C’est un luxe que peut d’entraîneurs peuvent se permettre aujourd’hui à cause de la compétition et de la pression qu'elle implique.

Illustration during the Ligue 1 Uber Eats match between Troyes and Monaco at Stade de l'Aube on March 5, 2023 in Troyes, France. (Photo by Philippe Lecoeur/FEP/Icon Sport)

Pour conclure, de nombreux clubs professionnels se posent aujourd’hui la question de la compétitivité de leurs équipes réserves. Le marché des jeunes joueurs français est de plus en plus observé par les scouts des groupes étrangers.

Alors comment les motiver pour signer dans un projet ? Comment construire ce projet ? De plus en plus de clubs français semblent envisager de quitter les championnats N2 et N3. D’autres n’ont pas l’air de remettre en question leur projet. Alors quelles solutions choisir ? Chaque projet comporte des bénéfices et des inconvénients.

Dans les années à venir, espérons que notre direction sportive saura choisir le bon chemin pour attirer les meilleurs prospects et les conduire au plus haut niveau avec le système le plus adapté !

Crédit photo : asse.fr

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