Le mot est lâché et il convient à la situation du club : l'ASSE traverse bel et bien une période de crise. Alors que tout le monde pensait que la Ligue 2 serait au mieux un parcours de santé, au pire un passage désagréable, elle s'avère être un long chemin de croix. Pour sortir de l'ornière, le triumvirat qui dirige le club va devoir trouver des solutions. Roland Romeyer doit les rencontrer aujourd'hui.
La crise est sportive, mais le mal semble encore plus profond. Certains diront, peut-être avec justesse, que la crise est là depuis des années et que cette énième prise de conscience que rien ne va correspond juste à une nouvelle chute qui mène l'ASSE un peu plus bas à chaque fois.
Le soir du 29 mai, outre les débordements qui ont émaillé la rencontre de barrage retour face à l'AJ Auxerre, les Verts concluaient une saison cauchemardesque en validant leur médiocrité sportive par une descente en Ligue 2. Les supporters, forcément tristes et en colère, sont restés fidèles et se sont mis à rêver d'une remontée immédiate sous la houlette de Laurent Batlles, fraîchement nommé par le triumvirat Soucasse-Perrin-Rustem et porteur de tous les espoirs stéphanois. Le projet est séduisant : un recrutement lancé relativement tôt, des choix réfléchis, un système de jeu tourné vers l'avant, des jeunes du centre promus chez les pros...
De l'auto-satisfaction à la crise !
Quelques mois plus tard, l'heure d'un premier bilan est arrivée. Le recrutement, conséquent, s'est terminé dans les dernières heures du mercato. S'il n'a donné lieu à aucun "panic buy" comme le club en avait l'habitude, il n'a pas non plus permis de combler tous les postes et certains choix l'ont été par défaut comme par exemple celui du gardien de but Matthieu Dreyer, arrivé après que de nombreuses autres pistes aient été explorées... Il en va de même pour Wadji ou encore Pintor. Malgré ce que beaucoup ont pensé, si l'ASSE ne fait pas fuir malgré sa descente en L2, elle n'attire pas non plus les foules...
Pourtant, à cette époque, tout le monde semble se féliciter du recrutement et semble content de la copie rendue. Même David Wantier, utilisé dans les dernières semaines pour trouver des portes de sortie à certains joueurs, y est allé de son commentaire élogieux, dans le journal local Le Progrès, au sujet du travail accompli par Loïc Perrin et la cellule de recrutement qu'il dirige : "Je pense que les avis de Laurent Batlles et Loïc Perrin ont beaucoup compté. Il faut définir le recrutement par rapport à l’objectif, le budget et le nombre de joueurs que vous souhaitez avoir dans l’effectif. Cela ne sert à rien d’empiler des noms. Il doit y avoir un lien entre la cellule de recrutement et le coach. Pour connaître les profils qu’il recherche, on doit travailler en symbiose. Cela semble avoir été le cas cet été. Il y a eu un long mercato mais c’est principalement dû au fait que le club devait faire partir des joueurs pour pouvoir en recruter. Cependant, ils avaient identifié leurs recrues depuis longtemps grâce à un gros travail de recherche. Dans ce cas uniquement, le rush final du mercato a un sens."
Malgré tout cela, seule la vérité du terrain est susceptible de valider le travail accompli, et le moins que l'on puisse dire c'est que l'on est loin du compte. Très loin même. Exit les rêves de remontée immédiate. Exit l'idée que l'ASSE va surfer sur cette Ligue 2 et se refaire une santé sportive. La crise persiste malgré la relégation, les têtes sont toujours difficiles à laver et le spectre d'une double relégation qui serait catastrophique pour les Verts plane au-dessus du club. Si personne ne peut s'y résoudre au club comme du côté des supporters, il semblerait que seule la voix de ces derniers se soit faite entendre dans le stade ce week-end. Ainsi, en fin de match, les Magic Fans ont montré leur mécontentement en tournant le dos aux joueurs sur un air de "Vous êtes des nuls". Du côté des décideurs, beaucoup attendaient que Jean-François Soucasse prenne la parole afin d'exprimer sa colère, sa déception, son désarroi. Cela n'aurait pas eu vocation à apporter des réponses sur la stratégie du club pour sortir de la crise, mais juste de rassurer les supporters en tenant un discours qui confirme la prise de conscience que les choses tournent mal et deviennent très préoccupantes.
Le mercato comme ultime solution ?
Toutefois, la direction du club s'est encore murée dans le silence et seuls les joueurs ont eu droit à une intervention de Soucasse après la rencontre. Ce dernier a exhorté les joueurs à "l'unité, au volontarisme ainsi qu'à la lucidité". Des mots qui donnent des pistes sur les maux. Ainsi, les joueurs ne seraient pas tous unis, volontaires et manqueraient de lucidité quant à la situation du club. L'inverse de ce qu'on nous explique depuis des semaines et de ce qui peut se comprendre à travers les interviews des joueurs ou de Laurent Batlles. L'intervention interroge.
De son côté, il y a un autre acteur qui s'interroge également beaucoup, c'est Roland Romeyer. Ce dernier, qui a choisi Jean-François Soucasse, compte bien savoir comment le triumvirat et Laurent Batlles comptent sortir l'ASSE de cette ornière. Ainsi, Le Progrès rapporte que le président du directoire rencontrera le trio en compagnie de Batlles dès ce lundi. "Autant pour demander des comptes, alors que le club devait vivre une tranquille saison de transition, que pour rappeler à la direction opérationnelle qu’elle aura les moyens de recruter au mercato d’hiver. Et même avant si le besoin d’un joker se fait sentir" précisent Thomas Dutang et Olivier Guichard qui ont cosigné ce papier. Une double plume pour un double message : de l'espoir d'un côté avec le mercato comme solution aux maux stéphanois et de la colère de l'autre avec Roland Romeyer qui ne devrait pas ménager la direction opérationnelle de l'ASSE. La crise ne fait que commencer et seuls des victoires ramèneront un peu d'apaisement, mais on en est loin au vu du spectacle de samedi...
