23 avril 2024
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📚 Légende des Verts : 26 nov. 1980, Le plus grand exploit européen de l’ASSE à l’extérieur

histoire

26 novembre 1980

Le plus grand exploit européen de l’AS Saint-Etienne à l’extérieur

Huitième de finale aller : Hambourg – Saint-Etienne 0-5

 

HAMBOURG-ASSE : UNE CONFRONTATION PERDUE D’AVANCE ?

Sochaux de l’ex-stéphanois Patrick Revelli et l’AS Saint-Etienne sont les derniers rescapés français des compétitions européennes en cette saison 1980-81. Or, en huitième de finale de la coupe UEFA, le hasard du tirage au sort a offert une double confrontation franco-allemande : Eintracht Francfort – Sochaux et Hambourg – ASSE. Et le moins qu’on puisse dire c’est que la main a été lourde envers les Verts pour leur 60e match européen car ils doivent affronter le récent finaliste de la coupe d’Europe des clubs champions. Huit mois après avoir été humiliés par le Borussia Moenchengladbach en quart de finale de l’UEFA, les hommes de Robert Herbin retrouvent un autre club allemand sur leur route et honnêtement, ils n’ont pas les faveurs des pronostics.

 

Plusieurs raisons expliquent que l’ASSE ne soit pas favorite. Tout d’abord, une semaine avant le match aller à Hambourg, l’équipe de France, avec Michel Platini à sa tête accompagné de Christian Lopez, Gérard Janvion, Jean-François Larios et Jacques Zimako, a subi un cinglant revers contre la RFA, balayée 4 buts à 1 à Hanovre. A cette occasion, l’entraîneur allemand, Jupp Derwall, s’était moqué des qualités du stratège français qualifié de « général qui conduit ses troupes à l’assaut et les surveille de l’arrière, aux jumelles ». Autant dire que cette affirmation péremptoire avait plus que vexé le numéro 10 stéphanois. Toutefois, les spécialistes doutaient fortement que cela suffise pour aller chercher une victoire qui semblait impossible à envisager.

Ensuite, alors que Hambourg avait passé onze buts à son adversaire, le Rot Weiss Francfort, le week-end précédent en coupe d’Allemagne, Saint-Etienne s’était inexplicablement incliné à domicile contre le FC Tours (1-2) en championnat. La plupart des journalistes présents ce soir-là à Geoffroy-Guichard se demandaient combien les Verts allaient encaisser de buts en coupe d’Europe compte tenu du niveau affiché.

La télévision française, elle-même, ne donnait pas chère de la peau des Foréziens et elle avait préféré diffuser l’autre confrontation franco-allemande, Eintracht Francfort – Sochaux, jugée plus équilibrée.

 

CONTRE TOUTE ATTENTE, ROBERT HERBIN OPTIMISTE

Pourtant, Robert Herbin croyait fermement dans les chances de son équipe. Il avait disséqué le jeu de Hambourg et avait remarqué que son potentiel reposait surtout sur l’efficacité des deux internationaux, le défenseur droit, Manfred Kaltz et l’avant-centre Horst Hrubesh. Si les Verts arrivaient à les contenir et s’ils parvenaient à répondre au défi physique imposé par leur adversaire, ils pourraient, pourquoi pas, créer la surprise. Pour réaliser cet objectif, l’entraîneur de Saint-Etienne a demandé à Johnny Rep de marquer le latéral droit à la culotte pour l’empêcher de s’exprimer et de délivrer ses centres assassins.

L’attaquant hollandais est très motivé ce soir comme lors de toutes les rencontres de coupe d’Europe et il semble tout disposé, une fois n’est pas coutume, à accomplir ses tâches défensives. Et si cela ne suffisait pas, Gérard Janvion, promu milieu gauche, doit avoir un œil sur lui au cas où il échapperait à la vigilance de Rep. C’est Jean-Louis Zanon qui devient arrière gauche (il avait déjà été bon à ce poste à Monaco) donnant une parfaite assise sur ce côté. Bernard Gardon, le stoppeur, a ensuite la lourde charge de contrôler l’avant-centre Hrubesh au jeu de tête tant redouté et il adore ces missions spéciales où il faut se sacrifier pour le bien de sa formation. Contrairement à ce qu’il peut penser, le géant avant-centre allemand ne sera pas à la fête.

Herbin a également noté que la charnière centrale des Allemands était très lourde. Ce n’est pas pour rien que Hambourg a recruté Franz Beckenbauer de retour au bercail après un exil doré au Cosmos New York. Mais il est dans les tribunes pour ce match ne faisant sa première apparition avec l’équipe que trois jours plus tard. Pour les contrer, l’entraîneur français a donc décidé de titulariser au poste d’avant-centre le petit lutin vert, Laurent Paganelli, qui, du haut de ses 1,65 m, doit se charger de rendre fou, la défense centrale adverse grâce à ses dribbles déroutants et sa vivacité.

Laurent Paganelli a rendu fous les Allemands

 

UN MATCH « KOLOSSAL »

A peine 40000 spectateurs ont pris place dans le Volksparkstadion d’Hambourg qui peut en contenir au moins 60000. Evidemment, le résultat final ne semble faire aucun doute dans les tribunes malgré trois absents dans les rangs allemands dont le précieux Felix Magath. Même l’ouverture du score contre son camp de Hartwig n’altère pas la confiance des supporters. A la 9e minute, le défenseur local a voulu contrer Rep, idéalement lancé par Platini à la suite d’un une-deux millimétré mais son tacle glissé a envoyé le ballon dans ses propres filets. Il reste encore du temps aux Allemands pour revenir dans la partie et même de la remporter facilement.

La situation se corse singulièrement lorsque Platini transforme un coup-franc dont il a le secret à la 26e minute. Surtout, Hambourg donne l’impression d’être étouffé par les Français, ses initiatives sporadiques ne sont guère dangereuses et son impuissance est flagrante.

Ce n’est pas tout. A la 39e minute, Jean-François Larios conclut en beauté une course de 50 mètres dont la rapidité surprend même le caméraman et terminée par un tir rageur pour un 3-0 tout ce qu’il y a de plus mérité. La mi-temps intervient donc sur cet avantage extraordinaire pour les Verts qui ont fait preuve d’une maîtrise collective insoupçonnée.

But de Jean-François Larios

Herbin prévient ses troupes à la pause car il craint un sursaut d’orgueil des hommes de Hrubesh. Bien sûr, les Allemands se font plus menaçant mais à ce moment-là, Jean Castaneda se met au diapason de ses co-équipiers et sort deux très bons arrêts dans les pieds de l’attaquant international. Par la suite, Saint-Etienne reprend sa domination territoriale au grand désespoir des spectateurs qui assistent à une leçon de football. L’ASSE peut se permettre d’attendre et de

contrer les maigres occasions adverses. Des lors, les travées commencent à se vider progressivement et il ne reste plus qu’une poignée d’irréductibles pour assister au quatrième but de Zimako à la 85e minute et au cinquième de Platini, encore lui, à la 87e minute.

Il tient sa revanche et au coup de sifflet final, il ne manque pas d’annoncer fièrement à la cantonade, qu’il avait pris soin de laisser « ses jumelles aux vestiaires ». Il enfonce le clou en déclarant « 5-0 et chacun à sa place » en écho aux déclarations subies une semaine auparavant. Toutefois, en homme sage, il finit par conclure « Nous ne sommes pas plus les champions du monde aujourd’hui que des « charlots », l’autre jour après Hanovre ».

Jean Castaneda à la hauteur de l’événement

Avec cette victoire 5-0 à Hambourg, les Verts viennent d’écrire une nouvelle page glorieuse de leur histoire européenne. Un beau cadeau pour leur 60e match sur la scène continentale. Un résultat qui met en émoi toute l’Europe du Football car jamais depuis l’instauration du football moderne, une équipe allemande n’avait encaissé pareille humiliation à domicile.

Deux fois seulement auparavant, lorsque la coupe de l’UEFA s’appelait encore la coupe des Villes de Foire, on relève la trace d’une défaite aussi importante. L’Inter de Milan a battu Hanovre 6-1 en 1960-61 en huitièmes de finale et Manchester United a laminé le Borussia Dortmund 6-1 en seizièmes de finale en 1964-65. Mais en ce temps-là, l’Allemagne n’était pas encore l’Allemagne.

La joie des Stéphanois

Mercredi 26 novembre 1980

Hambourg – Saint-Etienne 0-5 (0-2)

37000 spectateurs

Buts : Hartwig (9e c.s.c.), Platini (26e et 87e ), Larios (39e ) et Zimako (85e )

ASSE : Castaneda – Battiston, Gardon, Lopez, Zanon – Janvion, Larios, Platini – Rep, Paganelli, Zimako

Entraineur : Robert Herbin

 

Article signé Albert Pilia

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